Archives de : Anne Launay

  1. Nous revendiquons le « pouvoir de bien vivre »

    Les crises que nous traversons, qu’elles soient liées au covid, au conflit en Ukraine ou au climat ont mis en évidence des pratiques néfastes pour notre autonomie et notre environnement. Elles ont toutes des conséquences économiques qui accentuent les inégalités et impactent directement le budget des Françaises et des Français. Défendre le pouvoir d’achat est une nécessité, mais cela ne doit pas faire oublier les mesures urgentes à prendre en faveur du « pouvoir de bien vivre ». 

    Le « pouvoir de bien vivre », c’est quoi ?

    Bien vivre c’est avoir un travail justement rémunéré et épanouissant, un toit, bénéficier de services publics efficaces qui garantissent l’accès aux besoins fondamentaux, à la santé, à l’éducation, à la culture, à la sécurité, à la justice, à l’eau, à la qualité de l’air, le droit à un environnement préservé ; c’est aussi pouvoir se nourrir sainement, grandir et vieillir dans de bonnes conditions, être libre de circuler, de s’exprimer, bénéficier de temps libres pour son épanouissement personnel. C’est pourquoi Europe-Écologie-les-Verts préfère parler du « pouvoir de bien vivre » plutôt que du seul « pouvoir d’achat » qui n’en est qu’une composante.

    La sobriété est-elle compatible avec le « pouvoir de bien vivre » ?

    Dans un monde où les matières premières (eau, métaux, uranium, pétrole, bois, surfaces agricoles…) sont limitées par la taille de notre planète, la sobriété consiste à mieux partager les ressources en veillant à ce que les plus riches ne les gaspillent pas au détriment de la majorité de la population. 

    Pour nous prémunir de l’austérité que nous devrons affronter si nous ne corrigeons rien de nos abus qui aggravent les inégalités sociales et conduisent à la mise en péril du vivant, la sobriété doit s’inscrire dans une pensée du temps long : elle permet de mieux vivre tout en préservant l’avenir.

    Donner à toutes et tous le pouvoir de bien vivre. 

    Des services publics de qualité et renforcés pour assurer à chacun, quels que soient ses revenus ou son lieu d’habitation, l’accès à l’éducation, à la formation, à l’emploi, aux soins, à la justice, à la sécurité, au logement, aux transports.

    La prévention au cœur des politiques publiques pour lutter contre toutes les formes d’intolérance, de racisme, de délinquance et en matière de santé dont la santé environnementale est un levier majeur ; pollutions, pesticides, perturbateurs endocriniens, métaux lourds, particules fines, zoonoses sont des facteurs responsables de l’explosion des maladies chroniques : cancers, obésité, diabète, asthme… et de l’apparition de nouvelles pathologies.

    L’eau et l’air sont des biens communs, indispensables à nos vies. Ils doivent être accessibles à tous et leur qualité doit être préservée en diminuant fortement les pollutions, en interdisant leur privatisation ou leur accaparement.

    La lutte contre le réchauffement climatique pour une planète vivable passe par la réduction de nos consom-mations d’énergies, l’isolation massive des bâtiments, la production et l’approvisionnement local pour limiter les transports, des alternatives à la voiture, l’innovation, source d’efficience, notamment dans l’industrie.

    L’indépendance énergétique pour satisfaire nos besoins. Nous devons massivement investir dans les énergies renouvelables et assurer prioritairement en France l’extraction des matières premières nécessaires.

    Une alimentation saine et locale : manger sainement ne doit pas être le privilège des riches. Il faut préserver les terres agricoles de l’étalement urbain, adapter les cultures aux contraintes climatiques pour préserver les réserves en eau, supprimer les pesticides nocifs pour la santé et diminuer la consommation de viande. Toutes ces actions ont l’avantage d’être bénéfiques pour le climat et la biodiversité.

    Le pouvoir d’achat doit être assuré par une augmentation du SMIC à 1 500 €, la mise en place d’une tarification progressive de l’énergie, mais également par le développement d’une culture d’économie circulaire : réparer plutôt que racheter, donner ou brader plutôt que jeter et racheter….

    Œuvrer pour le bien vivre,
    c’est donner les clés de l’émancipation à notre société en quête de sens. 

    NOUS REVENDIQUONS LE « POUVOIR DE BIEN VIVRE »


    Image par Sasin Tipchai de Pixabay

  2. Une rentrée de transports en retard…

    À toi qui a encore dû :

    • passer une heure dans les bouchons pour emmener tes enfants au lycée
    • justifier ton heure de retard auprès de ton patron 
    • louper des cours à la fac
    • rater un entretien d’embauche ou un rendez-vous médical
    • rentrer à pied au milieu du trafic

    … car le bus ou le RER n’est pas passé, ou trop en retard, ou trop plein, ou trop en panne. 

    À toi qui subit régulièrement cette situation, nous voulons dire que ta colère est juste. À quoi bon payer en vain un Pass navigo[1], si c’est pour être la victime du sacrifice du service public sur l’autel du profit ?

    En Île-de-France, la politique des transports est décidée par Île-de-France Mobilités (IdFM), instance présidée par Valérie Pécresse et dont le premier vice-président est Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau et président de notre agglomération, la CPS.

    IdFM a choisi de restructurer les 46 lignes de bus desservant la CPS, en remplaçant les 4 sociétés historiques[2] par la RATP. Ce réseau est indispensable, car il complète le réseau régional en assurant l’accès aux lignes de RER B et C, la desserte des 27 communes de la CPS, des établissements scolaires, des hôpitaux et des zones d’activités.

    Malheureusement, la gestion de la RATP se révèle catastrophique, ne serait-ce que par le manque criant de chauffeurs. La  RATP ne voulant pas maintenir les conditions de travail des sociétés précédentes, des chauffeurs préfèrent partir à la concurrence pour l’un des 1500 postes non pourvus en IdF.

    Nous dénonçons le grand écart opéré par Valérie Pécresse et Grégoire De Lasteyrie, consistant à demander à la RATP de former et d’embaucher plus de conducteurs et de conductrices tout en ne mettant pas les moyens financiers nécessaires pour que cela fonctionne sur le long terme. Bien sûr, avoir des personnels bien formés est indispensable, mais leur fuite ne s’arrêtera pas tant que les clauses sociales et salariales des contrats gérés par IdFM ne seront pas revalorisées. Si cela n’est pas fait, le risque de perturbations et de grèves légitimes reste à craindre.

    De toute urgence, et pour que les usagers puissent s’organiser, nous demandons à la RATP de communiquer régulièrement la liste des bus en circulation sur la CPS.

    Les perturbations et la vétusté des matériels roulants illustrent le manque d’investissement répété de l’exécutif régional, ainsi que le choix contestable de leurs priorités.

    Il est vrai qu’il est plus dans l’ADN de la droite de soutenir l’automobile[3] et sa soi-disant promesse de liberté. Malheureusement, coincés dans les bouchons ou les stations-service, nous n’en sommes que prisonniers. Seul un abandon massif de l’auto permettra à toutes et tous de se déplacer sereinement dans notre région. Les écologistes défendent depuis toujours l’autopartage, la création de transports en commun de proximité, fréquents, ainsi qu’un maillage pertinent du territoire, répondant aux réels besoins des habitants et travailleurs… ou une utopie : que chacune ou chacun puisse trouver du travail près de son lieu d’habitation.

    Il ne suffit pas de clamer son souci de l’écologie en période électorale, il faut aussi suivre ce que l’urgence climatique et le bien-être de tous nous commandent au moment de faire des choix politiques, surtout quand ceux-ci nous engagent pour des décennies.  


    [1] dont une augmentation de 30% devrait être votée en décembre
    [2] Transdev, Albatrans, Keolis-Meyer et Savac
    [3] Exemple, décision du gouvernement du financement indifférencié des carburants

  3. LE GOUVERNEMENT DÉCOUVRE LA SOBRIÉTÉ !

    Voilà bien une priorité portée par EELV à mettre en oeuvre d’urgence sur notre territoire. 

    Les prix du gaz et de l’électricité ont explosé en France et en Europe encore davantage depuis la guerre en Ukraine et les difficultés de notre parc nucléaire. Face à la crise, le gouvernement découvre la sobriété et nous contraint au rationnement : son manque d’anticipation quant à l’amélioration énergétique des logements et au développement des énergies renouvelables nous expose à des factures d’énergie en augmentation de 15% au minimum pour 2023, et ce au prix d’un bouclier tarifaire à 16 milliards d’euros. 

    Cet argent aurait été bien mieux utilisé si celles et ceux qui nous gouvernent avaient anticipé la crise : les écologistes le demandent depuis 20 ans et proposent d’investir 10 milliards d’euros par an dans un grand plan de rénovation des logements. Par ailleurs le scénario Negawatt, soutenu par EELV, prône depuis 2003 la sobriété comme pilier de la transition : il était temps de reconnaître la pertinence de cette orientation au lieu de jouer la procrastination. Pour autant, sobriété et rationnement ne sont pas à confondre : il ne s’agit pas juste de réduire nos consommations pendant la crise, mais bien de repenser notre manière d’agir, de construire et de vivre au quotidien pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise.

    Pour soutenir les Françaises et les Français dans la crise, nous préconisons une tarification progressive de l’énergie garantissant un accès à toutes et tous au minimum vital tout en décourageant les consommations excessives : « l’ébriété énergétique ».

    Plus localement, sur le front de l’isolation des logements, nous saluons l’ouverture de Paris-Saclay Rénov, guichet unique pour la rénovation de logements, ouvert à tous les habitants de la Communauté d’agglomération Paris Saclay (la CPS). Nous espérons que cette initiative accélèrera le rythme des rénovations. Il est pour l’instant très insuffisant pour atteindre l’objectif du Plan Climat Air Energie Territorial (le PCAET) : plus de 90% des logements antérieurs à 1989 doivent être rénovés d’ici 2050. 

    Ce PCAET fournit l’état des lieux des émissions de gaz à effet de serre (les GES) liées aux consommations énergétiques locales. Il décrit entre autres 126 actions destinées à réduire de 56% en 2050 les émissions de GES du territoire. Cette cible est néanmoins très insuffisante pour respecter les accords de Paris à la COP21. Les écologistes demandent que son ambition soit rehaussée à l’occasion de sa prochaine révision pour mettre réellement la CPS sur la trajectoire de neutralité carbone et qu’elle prenne enfin le tournant de la nécessaire sobriété. Nous demandons par ailleurs la mise en place d’indicateurs de suivi fiables et chiffrés permettant à toutes et tous de connaître l’état l’avancement du territoire vis à vis de ses objectifs en matière de transition énergétique.

  4. Eté 2022 : le plus frais des vingt prochaines années ?

    C’est ça le monde de rêve que les anti-écolo, les productivistes, les consuméristes et les croissantistes nous promettent ?

    Un monde de canicules mortelles ? De zones inhabitables car trop chaudes ? De terres assoiffées ? De méga feux ?De cultures avortées ? D’inondations dévastatrices et de pénuries d’eau ? De vents destructeurs ? De biodiversité effondrée ? De pétrole rare, cher et réservé aux plus nantis ? Une crise métallique qui se pointe ?

    Qui est-ce qui punit qui ?

    Aujourd’hui, toutes les démocraties font le choix de ne pas lutter contre le dérèglement climatique. On dit souvent que c’est aux gouvernements d’agir, mais la réalité c’est que leurs électeur.trice.s, en ne votant pas écolo, ne leur donnent aucune consigne en ce sens. Collectivement nous ne voulons pas lutter contre le changement climatique, parce que ça ne fait pas rêver, que ça implique des coûts, que ça perturbe des équilibres et des manières de vivre.

    Pourtant l’urgence nous impose de gros changements systémiques. L’heure n’est plus aux petits gestes, il est bien trop tard pour ça même si les initiatives individuelles seront toujours bonnes à prendre. Aujourd’hui l’heure est à la transformation écologique radicale et résolument sociale de notre système de pensées et de valeurs, de l’Europe et de notre économie. L’heure est à la sobriété voulue et heureuse, aux renoncements massifs. L’heure est à l’arrêt du consumérisme, à l’arrêt du tourisme de masse et de la mondialisation écocidaire. L’heure est au deuil de la techno-croyance car la solution ne peut venir de la technologie puisqu’elle est le problème. L’heure est à la décroissance de l’inutile, du jetables et du futile mais à la croissance du local, du Bio et du saisonnier, du durable, du réparable, du simple, du partage, de l’amitié, de la solidarité, de l’art, de la culture, du savoir …

    Seule la conjonction de politiques écologiques nationales et européennes, avec la mobilisation citoyenne, pourra nous faire espérer un avenir durable.

    Par EELV-Les Ulis

  5. Quand un data center s’invite à Wissous

    Depuis  quelques  mois, la  ville  de  Wissous  bat  au  rythme  du  vieil  adage : « quand  le  bâtiment va, tout va » … 

    Sur une parcelle située à quelques centaines de mètres du centre ville, d’une église du  XIIème siècle1,  d’un  centre de  loisirs, d’une école  primaire et  d’un  des  plus  grands  échangeurs autoroutiers d’Europe, une noria de camions, de pelleteuses et d’engins de  levage  se  relaient  sans  discontinuer  dans  un  nuage  de  poussière  et  un  vacarme  incessant.  Objet  de  toute  cette  activité :  la  construction  d’un  Data  Center  qui, jusqu’à  présent, n’a fait l’objet que de très peu de publicité de la part de la municipalité !

    Le 13 juillet dernier2 – avec un retard de plusieurs mois – la société Cyrus One3 a obtenu  le  permis  de  construire  d’un  « centre  de  données »  boulevard  Arago, à  l’expresse  condition  de  renoncer  à  l’alimentation  au  gaz  naturel  initialement  prévue et  d’opter  pour l’électricité.  

    D’impressionnantes  cheminées  de  gaz  d’échappement  de  18m  de  haut  ont  d’emblée  interpellé le badaud. En début d’année, d’énormes groupes électrogènes – vite masqués  par un mur acoustique et un écran de ventilation sur 2 niveaux – sont venus compléter  l’installation  …  Bientôt  suivis  de 4  groupes  électrogènes  « de  secours », des  relais  énergétique  de  grande  puissance, estampillés « diesel »  qui  fonctionnent au  fuel.  D’imposants  dispositifs  de  stockage  d’énergie aptes  à  alimenter  le  centre  pendant  4  jours en cas  de  coupure  d’électricité, assurant  ainsi  la  sécurité  et  la  poursuite  des  activités. 

    Que dire de la pollution générée par les poids lourds lors du transport, de la livraison du  combustible si l’on sait qu’un centre de 5 MW nécessite, par exemple une cuve de 30.000  litres de fuel pour 4 groupes électrogènes de 2500 kW chacun ? Pas de quoi inquiéter la  Mairie qui objecte « qu’en 2019 la ville n’a du faire face qu’à 97mn de coupure »… 

    A  la  fin  des  travaux, l’ouvrage d’une  emprise  de  23.815m2 au  sol  et  son  groupe  électrogène aéro-réfrigéré de secours de 1282m2, seront destinés à renforcer la position  dominante d’Amazon dans le secteur du stockage des données privées et publiques. Car  ce n’est pas dans le e-commerce mais bien au travers de son service AWS4 – environ 50%  du marché du Cloud – que l’enseigne réalise la majeure partie de ses bénéfices ! 

    Alors que dans d’autres communes du département – Brétigny pour ne citer qu’elle – les  élus  s’insurgent  et  posent  des  conditions  à  l’arrivée  d’un  data  center,  à  Wissous  la  municipalité et son Maire semblent  faire peu de cas des problèmes environnementaux posés  par  cette  installation polluante  en  diable.  Tant  au  niveau  de  la  consommation  d’énergie  électrique,  que  pour  les  rejets  des  émissions  de  chaleur  générés  par  ces  gigantesques serveurs. 

    Le projet, comme tous ceux menés par Amazon ou ses maîtres d’oeuvre est conduit dans l’opacité la plus totale, excluant les citoyens de la décision. Une « discrétion » confortée  par  l’information  minimale  accordée  par  la  municipalité.  Dans  le  dossier  bien  mince  consultable  à  l’Urbanisme  ne  figurent aucune  donnée  chiffrée  sur  les  capacités  de  stockage  de  l’ouvrage,  sa  consommation  électrique  estimée  (pour  les  4  conteneurs  électriques,  leurs  5  transformateurs,  surmontés  de  4  groupes  froid  et  de  2  locaux  pompe)  le  choix du  système  de  refroidissement,  la  contenance  des  réservoirs  de  fuel,  etc. … D’autant qu’à ce jour, le dossier d’ICPE (Installation Classée Pour la Protection de  l’Environnement) n’est pas disponible pour consultation sur le site de la préfecture de  l’Essonne. 

    Si  nous  considérons  l’environnement,  les  centres  de  données  nécessitent  une  importante  consommation  d’énergie  électrique  pour  alimenter  les  serveurs  et  d’eau pour refroidir les installations informatiques. Un seul data center peut engloutir jusqu’à  20MW, l’équivalent d’une ville de 20 000 habitants. 

    Gros  producteurs  de  chaleur,  le  refroidissement de  ces  data  center  nécessite  d’importantes quantités d’eau ou de fluide caloporteur. Leurs besoins sont tels que cette préoccupation  devient  vite  centrale.  Mais  là  encore,  nous  manquons  d’informations  précises  sur le cycle de l’eau dans le centre du Bd Arago (eau prélevée  dans la nappe  phréatique ? fournie  par  le  réseau ?) ainsi  que sur  les  risques  liés  aux  fluides  frigorifiques utilisés.  

    On peut toutefois espérer que « Reid Brewin Architectes », maître d’œuvre de l’ouvrage  aura recours au « free cooling »5(rafraîchissement gratuit en anglais) pour réfrigérer les  serveurs. Moins onéreuse que d’autres systèmes de ventilation, cette utilisation de l’air extérieur a toutefois l’inconvénient de produire beaucoup de vapeur d’eau. Vapeur d’eau  (H2O)  qui  constitue  avec  le  gaz  carbonique  (dioxyde  de  carbone,  CO2)  et  les  gaz  réfrigérants  (CFC) destructeurs  de la  couche d’ozone, les  principaux  émetteurs  de  gaz  à  effet  de  serre  ! 

    Quant à la réutilisation de la chaleur produite pour alimenter le chauffage urbain, on ne  trouve en ville aucun lien avec cette destination : le projet d’Amazon à Wissous ne serait  là encore qu’un goinfre énergivore.  


    Wissous terre d’accueil 

    Le  data  Center  n’est  que  le  énième  épisode  d’une  succession  d’agressions  environnementales et de pollutions de l’air sur la ville. Un cumul de nuisances qui pose question. Il faut acter que la bourgade – située à quelques encablures des autoroutes A10,  A6a, A6b, des zones de  fret l’aéroport d’Orly, de la RN20, des halles de Rungis et de la  capitale – et  son  foncier  très  abordable  fait  l’objet  de  bien  des  convoitises.  De  larges  parcelles  de  terres  autrefois  agricoles,  aujourd’hui  desservies  par  tel  maillage  de  communications  placent  Wissous  au  Top  Ten  de  l’accueil  pour  entrepôts  de  stockage  gigantesques, équipés de dizaines de quais de transbordement. 

    De quoi susciter l’intérêt  des prédateurs de tous poils. 


    E.D.

    1 Eglise Saint Denis de Wissous, classée monument historique 

    2 Après le rejet d’une première demande déposée le 20/12/19 (complétée le 4/02/20),  le bénéficiaire a  été contraint de renoncer à l’installation -initialement prévue- de groupes électrogènes au gaz. 

    3 WBS (maitre d’œuvre et prestataire de services) est l’un des principaux fournisseurs offrant une gestion  de projet de premier ordre et l’installation de projets d’infrastructure de données pour des bâtiments de  centres de données sur mesure 

    4 Amazon Web Services (AWS) est une division du groupe américain de commerce électronique Amazon,  spécialisée dans les services de cloud computing à la demande pour les entreprises et particuliers 

    5 méthode qui utilise la différence de température entre l’air en sortie des ordinateurs et la température  de l’air extérieur afin d’aider au système de refroidissement à eau.

  6. Préservation du plateau de Saclay : Le grand mensonge !

    La préservation du plateau de Saclay est devenue un enjeu capital pour notre territoire, pour la communauté d’agglomération Paris-Saclay et plus largement pour la région parisienne afin :

    • d’assurer une alimentation de proximité : il est indispensable de conserver des terres agricoles périurbaines et cette nécessité est encore plus forte autour des métropoles, fortement dépendantes des approvisionnements extérieurs, 

    • de lutter contre le réchauffement climatique : les espaces naturels et agricoles ont la capacité de stocker 27 à 40% du carbone(1),

    • de préserver la qualité de vie de tous ses habitants, humains, faune et flore,

    • de limiter les risques d’inondation en vallée liés à l’artificialisation des sols et au ruissellement.

    Pourtant, jour après jour, nous constatons que l’artificialisation du plateau est croissante, malgré les discours toujours plus écologistes de beaucoup d’élus. 

    État des lieux des contrevérités usuelles quant au plateau de Saclay

    « Depuis que la décision a été prise de construire un grand pôle de recherche sur le plateau de Saclay, les élus se sont tous battus pour qu’une grande partie du plateau soit protégée. »
    FAUX : C’est en décembre 2013, sous la pression conjointe des associations et des seuls élus écologistes que Cécile Duflot, alors ministre en charge de l’égalité des territoires et du logement, a promulgué par décret la Zone de Protection Naturelle Agricole et Forestière (ZPNAF).

    « La ZPNAF protège durablement le plateau de Saclay. »
    FAUX : Cette zone de protection a été créée par décret. Ce décret peut, au gré des gouvernements, être abrogé à tout moment
    FAUX : Contrairement aux Parc Naturels Régionaux (PNR), la zone de protection ne bénéficie pas d’un règlement, mais d’une simple charte qui ne permet pas d’attaquer en justice des décisions la mettant en danger.

    « Les élus veulent préserver la fonctionnalité agricole du plateau. »
    FAUX : Pour Valérie Pécresse « l’espace vide du plateau est une fabuleuse opportunité pour imaginer la ville de demain » (phrase prononcée le 25 octobre 2017, lors de l’inauguration de l’Institut de Mathématiques en présence d’Emmanuel Macron).
    FAUX : La quasi-totalité des maires s’est prononcée en faveur de la création du pôle scientifique sur le plateau de Saclay et de son cortège d’aménagements, dont la ligne 18.
    FAUX : L’État, en décembre 2020, a décidé de faire passer la ligne 18 au sol dans sa partie agricole, et non en viaduc, formant ainsi un barrage infranchissable pour les engins agricoles.

    « La ligne 18 du métro est nécessaire. »
    FAUX : La fréquentation à terme de la ligne 18 a été estimée par la Société du Grand Paris (SGP) à 150 000 passagers/jour(2), alors qu’un métro de ce type à une capacité de 500 000 passagers/jour.
    FAUX : D’autres solutions moins invasives, moins chères et mieux dimensionnées sont possibles, mais peut-être moins prestigieuses… Un tram peut transporter jusqu’à 200 000 passagers/jour ; sa création avait d’ailleurs été anticipée lors de la réalisation de la voie du bus en site propre actuel.

    « La ligne 18 du métro ne met pas en péril la zone de protection. »
    FAUX : Le Secrétariat Général Pour l’Investis-sement (SGPI), dans son avis(3) de février 2020, souligne que la ligne 18 a la particularité « d’avoir des prévisions de trafics basses pour un métro » et « de traverser des territoires peu denses. »
    Très logiquement, il demande dans ses conclusions pour assurer la rentabilité de la ligne « de renforcer les concertations avec les différents acteurs afin d’obtenir des engagements permettant de garantir à moyen terme la densification tout au long de cet axe ». 

    « La ligne 18 du métro répond aux besoins. »
    FAUX : La ligne 18 doublonne le RER-C en  joignant Orly à Versailles (lien Est-Ouest) alors que les besoins des usagers sont majoritairement Nord-Sud (vers Paris et le Sud du plateau). Tous les jours, nous pouvons constater une dégradation de la circulation dans les villes et villages situés au Nord et au Sud du plateau. 

    « Il faut construire des logements familiaux pour les nouveaux salariés travaillant sur le plateau. »
    FAUX : Aujourd’hui les nouveaux logements sont surtout occupés par des personnes travaillant dans le Sud parisien et à Paris. 

    Terres agricoles du plateau de Saclay – © T.Launay

    Aujourd’hui où en sommes-nous ?

    Le chantier de la ligne 18 a débuté en fin d’année 2020, pour la réalisation du premier tronçon Orly-CEA.

    Une nouvelle zone va être urbanisée par l’État entre les quartiers de Polytechnique et du Moulon, nécessitant des infrastructures nouvelles (crèches, écoles, centre de secours, commerces…).

    Travaux ligne 18 – commune de Palaiseau – © T.Launay

    Alors, disons stop !

    Pour EELV, il est encore possible de concilier les fonctionnalités agricoles et scientifiques du plateau de Saclay avec les nécessités écologiques : 

    La ligne 18 est une menace pour la vocation agricole du Plateau. Il faut y renoncer pour :
    • implanter un tramway sur la voie du bus en site propre (le TCSP) de Massy au CEA,
    rénover et améliorer les transports existants (RER-B et C),
    créer des transports Nord-Sud efficaces permettant un report important de l’usage de la voiture vers des transports alternatifs,
    prolonger la voie de bus en site propre au-delà de Saclay pour rejoindre Saint-Quentin-en-Yvelines et Versailles,
    Assurer la continuité et le maillage fonctionnel des circulations douces.
    protéger La Zone de Protection Naturelle Agricole et Forestière par un règlement adopté après enquête d’utilité publique, au même titre que les Parcs Naturels Régionaux. 

    Ces solutions sont indispensables pour : 
    assurer la sécurité alimentaire, 
    lutter contre le réchauffement climatique et ses effets, 
    préserver le plateau et la qualité de vie des habitants du territoire.

    Notre position est confortée par le Secrétariat Général à l’Investissement

    Il formule le regret suivant dans son avis sur la ligne 18 : « il n’est pas fait mention, dans l’évaluation socio-économique, d’autres investissements à faibles coûts visant à optimiser les transports en commun existants au niveau de la zone qui serait desservie par le projet de ligne 18 en l’absence de sa réalisation (par exemple, optimisation des voies de bus, mise en place de bus à haut niveau de service sur site dédié).»


    Pour aller plus loin, nous vous invitons à signer la pétition en ligne :

    POUR SAUVER LE PLATEAU DE SACLAY, NOUS DISONS NON A LA LIGNE 18! du collectif Cessez la ligne 18


    (1) Source INRA – étude de juillet 2019
    (2) Source SGP – Dossier d’enquête publique de juillet 2020
    (3) Source Secrétariat Général pour l’investissement – Contre-expertise du dossier d’évaluation socio-économique du projet de ligne 18 – Février 2020

Remonter