Europe-Ecologie-Les-Verts (Paris-Saclay) donne un avis défavorable à la déclaration de projet d’aménagement de la ZAC de Corbeville.

Le dossier soumis à enquête publique, s’il est impressionnant par le nombre de page (plus de 1700), comporte en réalité de nombreuses zones d’ombre et de nombreux documents non spécifiques au projet lui-même. Depuis les réunions de concertations de début 2019, l’EPAPS ne semble pas avoir beaucoup avancé sur le dossier ou tout au moins, cela n’est pas présenté dans les documents soumis à l’enquête publique. Si d’autres documents existent notamment sur le détail des projets de logement, nous considérons qu’ils doivent être communiqués dans le cadre de cette enquête.

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1 – impact environnemental

La création de la ZAC de Corbeville intervient alors que les ZAC du Moulon et de Polytechnique ne sont pas, loin de là, terminées. Encore moins a-t-on le recul nécessaire pour mesurer l’impact à long terme des constructions sur l’écosystème du plateau de Saclay et sur de la vallée de l’Yvette et ses habitants. Nous demandons, au-delà des études d’impact théoriques, que l’on prenne le temps d’évaluer l’impact des deux premières ZAC sur le risque d’inondation en vallée, sur l’impact concernant les transports, sur la qualité de vie des habitants et sur la biodiversité.

L’aménagement de Corbeville va détruire 96 ha de terres agricoles qui captent et stockent du carbone et contribuent à la limitation du réchauffement climatique. Par ailleurs l’aménagement du quartier de Corbeville n’est pas nécessaire au développement du projet de Cluster Paris-Saclay. Aucun établissement d’enseignement supérieur n’est d’ailleurs programmé sur ce territoire, seule l’entreprise IBM a exprimé son intérêt à s’implanter sur Corbeville, toute la partie Est de la ZAC n’est pas programmée à ce jour. La justification de la ZAC de Corbeville comme trait d’union entre les deux ZAC est un argument bien faible en regard de l’impact environnemental.

L’artificialisation des sols de Corbeville va par ailleurs inéluctablement avoir un impact sur le traitement des eaux de pluies et des eaux usées. Or le dossier d’enquête publique ne contient que des références à des documents généraux (SDAGE, SAGE, PTAP et EGGE pour l’assainissement). Aucune étude spécifique précise ne semble envisagée alors que ce nouveau quartier se situe en surplomb du quartier de la Troche dont les habitants sont à juste titre inquiets des impacts possibles sur leurs habitations. Quant à l’impact de ce quartier sur les risques d’inondation en vallée de l’Yvette, nous demandons à ce qu’il soit clarifié. En effet, les récentes inondations de janvier et juin 2018 ont démontré que les moyennes de pluviométrie utilisées dans les études d’impacts ne sont plus efficaces lors des épisodes climatiques exceptionnels.

La création d’un groupe scolaire et de logements collectifs sur l’ancien site Thales pose problème car la pollution d’une partie importante de ce site est confirmée par le diagnostic de pollution des sols de l’étude TESORA en annexe du dossier. Nous demandons en tout état de cause la dépollution complète du site, et non des mesures de recouvrement par terre végétale des zones polluées comme cela est proposé dans le rapport !

Par ailleurs la Mission Régionale d’Autorité Environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable MRAE dans son avis confirme le risque de destruction d’espèces protégées et recommande de mieux étayer une dérogation éventuelle. Le corridor écologique est, sur tous les schémas présentés, traversé par une route. Aucune précision n’est donnée permettant de juger de l’efficacité et de la continuité des trames vertes et bleues pour la préservation et la libre circulation des espèces. Ce corridor est une mesure de compensation des impacts écologiques de la ZAC de polytechnique mais la ZAC de Corbeville va elle-même donner lieu à de nouvelles mesures de compensation, qui seront réalisées en partie sur l’espace agricole, soit un non-sens écologique !

2 Le projet de ZAC lui-même

La pertinence et l’urgence de construire sur Corbeville ne nous semble pas justifié par des impératifs d’intérêt national ou local. Il est urgent de construire la ville sur la ville pour stopper l’urbanisation des terres agricoles péri-urbaines, à fortiori en Île-de-France qui est une zone dense. La création d’un nombre conséquent de logements familiaux et étudiants nous semble guidée par une logique financière visant à faire porter par Corbeville le déficit des deux ZAC de Moulon et de Polytechnique.

Le projet de quartier est à l’état embryonnaire. Aucune garantie n’est donnée sur le pourcentage de logements sociaux familiaux (qui doit être de 30% minimum conformément à la politique de la ville d’Orsay). Sur les infrastructures et équipements du futur écoquartier, sur la hauteur prévue des bâtiments et le pourcentage de bâtiments concernés par la hauteur maximale. Les exigences sont minimales pour le stationnement des vélos dans l’ensemble des constructions, hébergements étudiants exceptés. Le respect des normes en vigueur ne suffit pas à anticiper la place que va occuper ce mode de transport dans les années à venir.

La liste d’équipements publics envisagée sur le quartier de Corbeville n’est pas arrêtée et le calcul de l’impact de leur coût sur le budget des villes concernées ne l’est pas non plus.

Le Quartier de Corbeville est présenté comme un éco-quartier, pourtant le descriptif qui en est fait ne correspond pas à la définition d’un éco-quartier. À toutes fins utiles nous rappelons les différents points qui permettent la réussite d’un tel projet :

La diversité : logements locatifs, privatifs, familiaux, étudiants, mixité sociale et multi-générationnelle.

Les services : commerces de proximité, lieux de vie et de rencontre, services partagés/mutualisés.

Les services publics : école, maison de retraite, services sociaux.

Une conception écologique des bâtiments : constructions passives, matériaux bio-sourcés ou issus du recyclage, énergies renouvelables, récupération des eaux de pluie, recyclage des eaux usées, compostage et méthanisation des déchets, intégration de la nature dans l’architecture.

– Du lien avec la nature : espaces naturels et de biodiversité, zone de maraîchage.

– Une offre de mobilité adaptée : tramway, autopartage, robots taxi, vélos, piétons.

Une accessibilité à la ville et aux bassins d’emploi

La véritable aberration de ce projet est d’envisager de construire un nouveau quartier de la ville d’Orsay sans avoir prévu le moyen de le relier au coeur de ville par des transports bas-carbones. Ce besoin de liaison avec la ville d’Orsay est d’autant plus important qu’il recoupe le besoin d’une liaison du plateau à la vallée et au RER-B par une liaison nord-sud. A ce titre la demande de la ville d’Orsay d’un téléphérique dans l’hypothèse où l’état déciderait la

construction de Corbeville doit être partie intégrante du projet. Des liaisons douces Nord/Sud piétonnes et cyclables sont aussi indispensables.

En résumé : pourquoi les écologistes sont-ils opposés à la mise en oeuvre de cette ZAC ?

Le projet actuel n’est pas recevable au regard des grands équilibres qui nous semblent écologiquement fondamentaux.

La politique des petits pas ne suffit pas à endiguer le déficit de la France en matière de régulation du climat sous les 1,5°C et à respecter les objectifs de l’accord de Paris.

Les terres naturelles, agricoles ou forestières captent et stockent 30% du carbone que nous rejetons, et chaque hectare artificialisé est autant de possibilité de stockage perdu.

Il y a nécessité à préserver une surface de terres agricoles qui aille au-delà d’une valeur symbolique car le développement de la région Île-de-France dans son ensemble ne saurait être soutenable si ses besoins alimentaires restent dépendants à plus de 90 % des seuls arrivages au marché de Rungis. Nous construisons une dangereuse dépendance alimentaire.

Le bilan social et environnemental des ZAC de Polytechnique et du Moulon n’a pas été réalisé.

Les inondations exceptionnelles à 3 reprises depuis 2016 (crue de l’Yvette, ruissellement des eaux du plateau) laissent à penser que l’urbanisation du plateau de Saclay a contribué à les aggraver.

Cette urbanisation s’inscrit dans une logique de croissance qui n’est pas soutenable pour les générations à venir.

La création de cette ZAC représente un prétexte supplémentaire à l’arrivée de la ligne 18 (qui ne desservirait pour le moment que des lieux de travail) alors même qu’elle ne répondra pas aux besoins du territoire, qui restent majoritaires de transport Nord/Sud.

Tout projet de moyens de transport lourd du type ligne 18, que la ZAC de Corbeville ne ferait qu’attester, serait un obstacle aux grands équilibres que nous prônons du fait des inévitables urbanisations à grande échelle qu’elle entraînerait.

Intensification de l’engorgement du trafic car nous n’avons toujours pas de solution pour les liaisons Nord/Sud.

Conclusions :

Europe-Ecologie-Les-Verts (Paris-Saclay) donne un avis défavorable à cette déclaration de projet d’aménagement de la ZAC de Corbeville.

En effet, le groupe local Paris-Saclay d’EELV préconise de réaliser une étude des impacts des deux premières ZAC (du Moulon et de Polytechnique) avant d’envisager toute construction supplémentaire dans la ZAC de Corbeville

L’urbanisation des quartiers de Polytechnique et Moulon a profondément modifié le plateau de Saclay. Les répercussions sur la vie locale, la circulation, la faune, sont bien visibles et il est indispensable de s’assurer que ces aménagements n’ont pas d’incidence sur la multiplication des inondations en vallée.

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