Observations sur le dossier d’enquète publique sur le projet d’aménagement du plateau du Moulon

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Madame la commissaire enquêteur,

Nous, écologistes giffois, souhaitons faire part de nos observations relatives à l’ Enquête publique préalable à la déclaration d’utilité publique du projet de Moulon, concertation préalable à la création de la zone d’aménagement concerté du Moulon.

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Nous avons bien noté qu’il s’agit d’un « projet urbain » (voir avis d’enquête), qu’une quelconque allusion dans le titre de ce projet au caractère agricole du Plateau de Saclay a disparu puisque priment  dans ce projet les «   surfaces à construire (et les ) équipements à réaliser ».

Nous déplorons dans un premier temps l’absence de terminologie agri-urbaine.

Nous rappelons que nous ignorons encore la date de publication du décret relatif à  la zone de protection naturelle, agricole et forestière du Plateau de Saclay, impliquant la « sanctuarisation » de plus de 2300 ha de terres agricoles, décret qui doit être entériné en Conseil d’Etat. Toutefois, seuls 17 hectares sur le plateau du Moulon sont inclus dans cette ZPNAF.

130 hectares sont supprimés de l’espace agricole giffois, ¾ des terres cultivées le sont pour les recherches agronomiques de la ferme du Moulon. Il est paradoxal  de voir que ces terres agricoles seront urbanisées par le projet de campus urbain, obligeant les chercheurs à retrouver des champs d’expérimentation à plusieurs kilomètres de leurs laboratoires actuels.

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« Ce  projet s’inscrit dans le cadre de la création du cluster technique, scientifique et économique d’envergure mondiale sur le Plateau de Saclay et vise à créer un quartier ouvert et mixte permettant l’accueil d’établissements supérieurs, de la recherche et de la haute technologie » . Il vise donc à concentrer des activités homogènes sur un même territoire, pour garantir des gains de productivité dans une logique de concurrence internationale intense entre grandes métropoles. Nous, écologistes, rejetons cette logique de « clusters » dont le modèle est dépassé, à l’instar du cluster financier de La Défense aujourd’hui source de difficultés financières et urbaines.

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« Le campus sera un levier pour le développement économique et industriel de l’Ile-de-France ». Ce projet vise à accorder , au détriment d’autres régions, encore plus de suprématie à la région Ile de France alors que celle-ci perçoit déjà 50 % du montant de la Recherche et Développement en France. Ce déséquilibre entre les régions françaises serait encore accentué  au bénéfice d’un seul lieu francilien : le Plateau de Saclay qui concentrerait 20 % de toute la R&D française. Il faut plutôt viser au rééquilibrage territorial de l’Ile-de-Francecontenu dans le SDRIF, acté ce 18 octobre.

« Créée en 2014, l’université Paris-Saclay sera à même d’attirer les plus brillants chercheurs, étudiants, entrepreneurs. », signalons tout de même que l’université Paris Suddécroche la 36ème place dans le classement mondial 2013 des universités et la 1ère place nationale, sans cluster.

Paris Saclay serait  « un projet scientifique et économique au service de la croissance et de la création d’emplois ». Pas moins de 200 000 m2 seraient réservés sur le site à des entreprises. Or, outre les zones d’activités de Vélizy, de Massy et d’Orly, le parc d’activités de Courtaboeuf, le premier parc tertiaire européen accueille aujourd’hui mille entreprises sur 450 hectares et 3 500 000 mètres carrés de locaux et offre une importante capacité de développement économique, extensible par ailleurs. Ne seraient-ce pas des déplacements de bureaux plutôt que de réelles créations d’emplois ?

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« L’EPPS est aménageur de différentes ZAC dont il définit le projet urbain, gère le foncier et réalise voiries et équipements publics avant d’en confier la gestion aux collectivités. » or quelles sont les  modalités de financement pour un  projet de cette envergure ?

Il est pourtant précisé que l’étude doit aborder leséquilibres financiers , or nous nous interrogeons sur la capacité financière des collectivités (communes, CAPS) à gérer financièrement un tel projet à long terme.

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Cette ville campus apparaît comme une ville nouvelle, voulue par les édiles.

La commune de Gif-sur-Yvette est déjà divisée entre  deux secteurs déconnectés entre eux – celui de la Vallée  et celui du plateau de Chevry – elle vise à en créer un troisième autour du plateau de Moulon, où seraient installés à terme près de 10 000 nouveaux habitants.

Or le 16 mai 2011 avait été voté lors du conseil communautaire un protocole sur notamment une répartition des logements entre la vallée et le plateau, sur la base d’1 logement en vallée pour 1 logement sur le plateau sur la base de 2 centralités organisées, celle du Moulon et celle de la ZAC Polytechnique. Or sur le seul quartier du Moulon sont prévus 4600 logements (2000 familiaux et 2600 étudiants), une meilleure répartition des logements plateaux et vallée aurait permis une moindre densification sur un plateau à dominante agricole.

Nous sommes dubitatifs quant aux précisions concernant les différentes hauteurs de constructions, de 15 à 25 mètres et ne souhaitons pas prendre débat sur ces considérations de hauteur alors que nous nous interrogeons sur les fondamentaux du projet.

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Nous réaffirmons notre refus  de l’arrivée de la ligne 18 sur le Plateau pour résoudre les problèmes de transport que rencontreraient les futurs habitants.

Si nous approuvons la mise en place du TCSP, en 2015, il nous semble plus judicieux dans le cadre de ce projet urbain de privilégier l’implantation sur l’emprise du TCSP d’un tram-train, 60% moins coûteux à réaliser, à exploiter, plus performant qu’un métro dit léger.

Ces conclusions sont cohérentes avec le choix technologique fait par le ministère de l’égalité des territoires et du logement pour sa réévaluation du coût du Grand Paris Express, suite à la consultation de Pascal Auzannet, fin 2012.

Rappelons que près de 80 % des usagers travaillant sur le plateau habitent les vallées limitrophes, d’où la nécessité de prioriser des navettes partant des gares de RER B, celle de Gif, notamment, voire de mettre en place des parcs de vélos électriques aux abords de ces gares pour favoriser les déplacements doux, de réfléchir à une meilleure organisation pour le covoiturage.

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Enfin, malgré les certitudes annoncées dans ce projet,  il semble évident qu’en regardant attentivement la carte actuelle du plateau du Moulon et la projection future , tout du moins sur la partie giffoise, la faune et la flore seront fondamentalement différentes, que l’artifice aura pris le pas sur la nature, qu’une plaine des sports ne peut  abriter la même biodiversité que des champs, qu’un quartier dit lieu de vie ne le sera plus ni pour la faune, ni pour la flore actuelle.

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Pour les raisons précédemment citées et en premier lieu à cause de l’emprise démesurée de l’urbain sur l’agricole, incompatible avec la nécessité de préserver des terres nourricières en Ile de France, nous apportons un avis défavorable à ce projet d’aménagement de la ZAC du plateau du Moulon tel que décrit dans le dossier d’aménagement présenté à cette enquête publique, afin de mettre en compatibilité les documents d’urbanisme de la commune.

Le 25 Novembre 2013
Pour Europe Ecologie-les Verts (Gif)
Fabienne Elbaz

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